vendredi 20 mars 2009

Ne pas choisir est un très bon choix

Que veux-tu faire quand tu seras grand ? Que celui qui ose dire qu'on ne lui a jamais posé cette question soit châtié sur la place publique ! Au demeurant insignifiante, cette question, popularisée par un programme télévisuel idiot, et son animateur débonnaire (je parle en connaissance de cause), est pour le moins révélatrice de l'importance du statut social dans nos sociétés. Bien malheureux celui qui choisit les pompes funèbres par vocation... Mais aussi bien malheureux ceux qui ne savent pas quoi faire. Je connais encore pire : je veux tout faire. Quand on me demande ce que je voudrais devenir, je réponds au choix :
- journaliste (presse écrite)
- journaliste animateur télé-radio
- critique cinéma
- député
- écrivain
- président de la république (au passage, je hais Obama et Roselmack, ils m'ont damé le pion, je voulais être le premier !)
- président de l'OM, du PSG ou de Sedan (non, il n'y a pas d'intrus à rayer)
Mon ambition démesurée laisse parfois perplexe. A raison, tant est si bien que je finis par douter de moi-même. Bernard Tapie lui-même n'a pas rempli toutes les cases de ma liste.
Pourtant, il existe une catégorie de cumulard talentueux. Peu représentée, mais elle existe. Le texte qui suit est l'œuvre de l'un des leurs. Alors qu'il se donnait un avenir de professeur de lycée, il se trouve très vite blasé de sa situation, et décide de tout quitter, et d'écrire son histoire. Une réussite. Entre-temps, il écrira sur le football, la rumeur dit même qu'il a voulu acheter le FC Nantes. Il est d'ailleurs journaliste chroniqueur, pour Le Monde et So Foot. Chanteur à ses heures perdues, il incarne au cinéma son propre rôle quand son ouvrage est adapté, et il signe le scénario. Je récapitule : Professeur, journaliste, acteur, chanteur, scénariste, écrivain. François Bégaudeau cumule les casquettes, et elles le lui rendent bien. Détesté par beaucoup pour son caractère calme et franc, qui lui donne l'air hautain, sa vision des choses, son penchant pour la provoc et son style à part en font le Mourinho de l'écriture, le Domenech de la littérature. On est fait pour s'entendre, je reprends espoir. C'est décidé, plus tard, je serais cumulard talentueux.


Le génie régulier, par François Bégaudeau (paru dans le Monde du 03.03.2009)

"Les meilleurs joueurs du monde sont-ils les joueurs les plus utiles du monde ? Bien sûr les Cristiano Ronaldo, Kaka, Ibrahimovic sont décisifs. Ils brillent dans la zone de vérité, comme on dit ; font basculer des matches à eux tout seuls, comme on dit. Mais sur la durée, sur une année par exemple, est-ce de ceux-là dont ne voudrait surtout pas se priver un entraîneur ? Demandez à Parreira, sélectionneur du Brésil, champion du monde en 1994, s'il aurait préféré une blessure de Dunga, la tortue méthodique du milieu, ou de Bebeto, l'inarrêtable feu follet de devant.

Généralisé à ses confrères, un tel sondage consacrerait assurément ces n° 6 petits ou grands qui sont la moelle épinière d'une équipe depuis que la quasi-suppression des n° 10 classiques a reporté sur eux l'organisation du jeu. C'est moins à Zidane qu'on doit l'accession en finale en 2006 qu'au binôme Makelele-Vieira dont le premier membre a offert des titres à tous ses employeurs depuis quinze ans (bientôt le PSG ?).

Il y a une vingtaine d'années, « Téléfoot » avait proposé un système d'évaluation informatique des performances des joueurs de première division. Etaient pris en compte les buts et les passes décisives, mais aussi les récupérations, les tacles réussis ou ratés, les transmissions intermédiaires, etc. Une numérisation du jeu avant l'heure dont le verdict fut livré aux spectateurs quelques dimanches, et puis plus. Pourquoi ? Parce qu'elle promouvait des joueurs réguliers mais sans coup d'éclat. On revint donc aux hiérarchies spectaculaires indexées aux gestes exceptionnels ou à ces actions exceptionnelles qu'on nomme buts.

Il y aurait ainsi des génies solubles dans le résumé de match type « Téléfoot » et des génies discrets que la seule continuité d'une partie rend visibles. Dans l'équipe du Barça vue à Lyon, Yaya Touré appartient à la seconde catégorie, et Henry à la première, qui, à peu près inexistant pendant une heure et demie, a juste pointé le nez et son crâne chauve pour assommer les Lyonnais. Or ce Barça est l'équipe la plus à même de perturber cette injuste comptabilisation des mérites. Parce que le collectif y prévaut ? Plus précisément parce que chacun y croit si fort à l'efficacité du jeu court et univoquement offensif que même les stars consentent à travailler dans le hors-champ, convaincues que cela paiera.

Inexistant, Henry ? Pas exactement. Des appels de balle incessants, et surtout la belle discipline de « manger la chaux » sur son flanc gauche afin de préserver l'amplitude proverbiale de la toile catalane. Tant pis si les ballons ne lui arrivent qu'une fois sur dix, il sait qu'ainsi configurée l'équipe assoit son génie à la régulière, et créera de plus en plus de situations dangereuses dont une peut-être lui profitera - mardi dernier ce fut exactement cela. Quand l'ombre et la lumière fusionnent ainsi, quand le travail de l'une est promesse de l'autre, quand la discipline collective entraîne à coup sûr des gratifications individuelles, je m'excuse mais ça s'appelle une leçon démocratique."

dimanche 15 mars 2009

On va inventer des mots (voire plus)


Uchronie. C’est le mot à la con du jour. Ce n’est pas une maladie, ou le nom d’un nouveau concept tendance, telle la tecktonik, mais une technique d’écriture. Elle est rendue d’actualité par le film de Zach Snyder, Watchmen. Le principe ? Situer une narration dans un « présent parallèle ». Dans Watchmen, Nixon gagne la guerre du Vietnam et ne connait pas la crise du Watergate, par exemple. Applicable à toutes les situations, cela devient un exercice de style drôle, qui prête même à l’évasion et au rêve. Démonstration.

Dimanche 9 Juillet 2006 : 19h45 – Raymond D. est dans les vestiaires. Anxieux comme jamais, il répond aux questions d’un David Astorga souriant comme jamais. Il se demande d’ailleurs pourquoi il sourit autant. Vikash avait peut-être raison, ce type n’est pas aussi fun qu’il en a l’air, il est forcément louche. Quoi qu’il en soit, il joue sa carrière de sélectionneur ce soir… C’est parti. Astorga aussi.

22h – « Qu’est ce que je vais bien pouvoir sortir à cet abruti ? La France entière me détestait déjà, alors là, ça va être l’Intifada à Roissy… Il faut que je trouve un truc, c’est quand même moi le meilleur dans la comm’, tous ces idiots de journalistes me le rappellent assez ! Joue de la langue de bois, joue de la langue de bois… Je sais ! Je sais comment je vais pouvoir m’en sortir ! Je vais… »

Dimanche 16 Juillet : 11h35 – Après de nombreuses spéculations, amenant notamment Bruno Metsu, Gérard Houiller, Didier Deschamps et Jose Mourinho à la tête des Bleus, c’est finalement le King Eric Cantona qui sera le nouveau sélectionneur français. Après la polémique autour de Raymond Domenech, qui a dans l’interview d’après match tout le football français (Il y évoque « un avocat véreux fréquentant trop de mafioso » (Thiriez), des joueurs qui ne jouent plus comme avant à cause des chevilles trop gonflés, et des entraîneurs pourrissant son système de jeu en retenant les joueurs). Cantona aura la lourde tâche de faire oublier cette cruelle défaite 4 à zéro contre l’Italie, et de redonner au football français ses lettres de noblesse.

Aout 2006 : Premier match amical de la France. Après une première mi-temps en demi-teinte, le remplacement de Thierry Henry par David Trezeguet porte ses fruits, puisqu’il inscrira les deux buts français. L’arrivée de Robert Pires dans les dernières minutes redonne du rythme au jeu français.

…. Je vous laisse imaginer la suite, revenir sur trois années de plus avec R.D m’est insupportable …

mercredi 4 mars 2009

Il est temps de brûler les idoles

Tout n'est pas tout blanc, ni noir, surtout chez les hommes. Le manichéisme est une légende urbaine, que l'on ne retrouve que dans les tragédies shakespeariennes.

Les valeurs du football sont en danger. Ce n'est pas moi qui le dit, mais Michel Platini, le détenant du titre du plus grand utopiste de l'année. Utopiste, certes, mais le meilleur représentant d'un footballeur passionné, qui œuvre pour son sport, sans jamais se détourner de ses idées et de ses opinions. Le symbole d'un football brillant et offensif. Aujourd'hui président de l'UEFA, il s'insurge contre les dérives d'un sport, qu'il ne reconnait probablement plus tant que ça.

"Le ballon rond passe les frontières, le ballon gomme les différences, le ballon rond déchaîne les enthousiasmes. Le football, ce sport qui m'a sorti de ma condition et m'a donné les plus grandes émotions de ma vie, émotions positives ou traumatisantes, est en danger (...) Les valeurs que le football véhicule sont en danger. Les quinze ou vingt dernières années, nous nous sommes développés avec l'idée que nous n'avions aucun besoin de réguler le marché, que celui-ci se régulait lui-même, que ses excès et déséquilibres allaient disparaître d'eux-mêmes. Nous savons maintenant que rien de ceci n'est vrai. Dans le football, comme dans l'économie en général, le marché est incapable de corriger ses propres excès, et ce n'est pas le président de l'UEFA qui le dit, mais Barack Obama."

Loin de ces envolées lyriques, son "digne" successeur" à la tête de l'équipe de France enchaîne les contrats publicitaires, les rôles de VRP de luxe. Aussi talentueux soit-il, il a profité et continue encore aujourd'hui à profiter jusqu'à la corde du système qui a fait de lui un roi. Pourquoi le blâmer ? Qui agirait différemment à sa place ? Pas moi en tout cas. Mais j'admire parfois les idées du premier numéro 10 d'anthologie. Bien que parfois maladroit, il a le mérite d'essayer d'innover et de faire perdurer l'esprit sportif. J'admire le sourire modeste quand une salle entière de journalistes l'ovationne à Bruxelles, après son exposé du football tel qu'il l'entend. Il est tellement plus difficile de se battre pour ses idées humblement, que de jouer sur sa performance, et son arrogance.

Le madrilène silencieux n'est plus chez les Bleus, mais le Ch'ti munichois l'a dignement remplacé. A l'heure où le président de l'UEFA se bat contre l'ultralibéralisme footbalistique, l'Equipe TV a courageusement censuré _ pardon, retiré de l'antenne_ un reportage d'un de ses journalistes, Michel Biet. Il ne parle pas de Kayser Franck Ribéry, puisqu'il s'agit de lui, mais du Ribéry sans foi ni loi, et surtout sans honneur.
Ce reportage évoque la gentille fratrie d'agents tournant en orbite autour de l'étoile venue du Nord. Et surtout les investigations de la police marseillaise pour faux, usages de faux et escroquerie pour le transfert de Ribéry en 2007. Je te laisse juge, sur cette page.

echojournaliste.blogspot.com

Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Dommage que l'idole de nombreux jeunes soit aussi contrasté. Dommage aussi que le sport ait perdu de son esprit. Je ne suis pas désabusé, à la déception je préfère la réaction : il est temps de brûler les idoles.


Il est 22:41, et je ne peux m'empêcher d'être heureux en imaginant la tête de Jean Michel Aulas, après le but de Fauvergue, et surtout de voir que le modeste club de Sedan a (heureusement) gagné par 3 à rien !

dimanche 1 mars 2009

Prologue


Je n'ai jamais eu le courage de faire un blog. Par manque de narcissisme, ou par manque de courage, tout dépend du point de vue. Vouloir étaler sa vie au monde cyberconnecté n'est ps mon truc. Je ne serais pas la nouvelle star, ni Miss Amanda du 38. Niveau honte, et affichage médiatique, j'ai donné, merci. Et pourtant, aujourd'hui, quelque chose m'attire dans le monde de la blogosphère (qu'est ce que c'est beau). Allez savoir pourquoi, les longues nuits PES, ou devant ces chefs-d'œuvre télévisuels que sont "Pascal, le grand frère", "Club", "Confessions Intimes", ou encore "Chasse et pêche", ne me suffisent plus.
Je ne me présente pas, si tu es là, à lire ces lignes puériles et inintéressantes, c'est que tu me connais déjà. Mais avant tout, je tiens à t'expliquer le concept de la chose : les longues diatribes pédantes que tu liras sont le fruit de mes interrogations nocturnes. Etonnant, non, au vu du titre de ce blog, honteusement et facilement plagié sur un excellent polar de Nolan, avec Pacino. Désolé, si tu n'aimes pas le cinéma, va voir ailleurs, tu risques d'être en surdose avec moi. Mais je ne parlerais que de ce qui me rend perplexe et m'intrigue ici. Mon journal intime ? Non. Point de kikoo, de lol, de wesh t'as vu et de "lachez des com!!!".
Oscar Wilde méprisait le journalisme, qu'il considérait comme le degré zéro de l'écriture. La prostitution de l'art littéraire. Ce blog sera mon éxutoire, ma catharsis, mon somnifère. Le degré zéro de la pensée. Ma prostitution. Aussi utile que Sefyu pour le rap, que Lévy pour la littérature.
De mon envie d'écrire naîtra ce blog, ou pas. Te divertir n'est pas mon but premier, mais j'espère y arriver. Un mix improbable entre Hunter S. Thompson et Frédéric Beigbeder, voila ce à quoi je veux ressembler. L'ambition est grande, voire démesurée. Elle me correspond bien, la démesure fait rêver, à défaut d'avancer.