lundi 26 octobre 2009

Michael Haneke, la retraite, c'est pas pour les chiens (Le Ruban Blanc - Spoilers)


Cher toi,

Si tu lis ces lignes, c'est que tu connais mon penchant de camé pour l'industrie cinématographique et ce qui s'en approche. Et à l'heure où tu lis ces lignes, l'affaire Polanski (digne héritier de Michael Jackson dans l'opinion publique) prend un nouveau tournant, avec la demande de Samantha Geitner d'abandonner les poursuites contre le réalisateur. Est-ce bien ou pas, la question n'est pas là, mais cela me permet d'enchaîner avec une transition aussi provoc' que de mauvaise foi : Polanski n'est pas le seul qui mérite d'être enfermé.

Fort d'une Palme d'Or et d'une critique dithyrambique, Le Ruban Blanc, dernier film de Michael Haneke (le génial réalisateur de Funny Games et Funny Games US), avait tout pour me plaire. Le film est en noir et blanc, j'aime la réalisation audacieuse de Funny Games, et le synopsis témoignait d'un suspens omniprésent.

Synopsis : Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?


Bien bien bien... par où commencer ? Tout d'abord : un constat. Le film dure 2h30. Les 2h30 les plus longues que j'ai passé au cinéma (et pourtant, j'ai supporté Titanic !). Haneke choisit délibérément les longs plans-séquences... Très longs, même, et sur n'importe quoi. Une église, une maison, une porte (bon, derrière cette porte, un enfant se fait battre par son père, alors peut-être doit-on y voir une façon métaphorique de cacher la violence blablabla... ferme là).

Violence morale du film, entend-on partout. QUOI ? Dois je rappeler qu'un certain Antichrist est sorti cette année. Alors, oui, bien sur, la maltraitance des enfants à l'aube de la guerre 14-18, c'est moche, le statut de la femme au foyer, idem, les sombres "accidents" du film, touchant un cheval, un handicapé et un fils de, itou. Mais perso, je suis davantage choqué par un psy qui voit un renard parler, et sa femme qui lui greffe une meule dans la jambe parce qu'elle a préféré forniquer que d'empêcher son marmot de sauter par la fenêtre. Mais je n'ai peut-être aucune sensibilité !


Et puis, franchement, je veux bien que ce film n'a pas pour ambition de faire du chiffre et d'attirer le clampin moyen, mais un effort : un peu de musique ne fait pas de mal à un film (et j'entends par musique autre chose qu'une minute d'orgue digne d'un film de la Hammer).
Ensuite, revenons tout simplement à la question du synopsis : qui est derrière tout cela. N'en doutons pas, il y a quelqu'un qui se cache là-dessous, mais qui ? Tu ne le sauras pas spectateur ! Notre bien-aimé Haneke préférera laisser une double interprétation vaseuse au spectateur, frustré de s'être ruiné les ongles pendant deux heures trente sur ce film qui se regarde lui-même. A force de vouloir créer du style, Haneke épure son ouvrage de tout intérêt. Enfants sadiques ou médecin fou ?

Alors, oui, pour cette Palme d'Or fournie gracieusement par Isabelle Huppert, pour cette aura dont bénéficie ce film sans intérêt, j'appelle Monsieur Haneke à revoir ses ambitions, et prendre un repos bien mérité. Parce que s'il veut que le cinéma de demain ressemble à ça, une figure certe stylisée, mais passéiste, lente, et réactionnaire, je voue un culte à Michael Bay sur le champ ! Voilà, j'ai vomis ma bile sur ce film, je suis devenu un bon blogueur. Bien cordialement, cher lecteur.

dimanche 25 octobre 2009

Comme une poussée de testostérone



Ce matin, je me sentais pas bien. Du coup, pour éviter tout mal-être et tout malaise, je me suis mis à courir après les voitures (surtout les 205 tuning et les superCinq GT Turbo, allez savoir pourquoi). Ça n'a malheureusement pas suffit.

J'ai donc lu pour m'occuper de la littérature saine, et des reportages de qualités : FHM, Entrevue... entre autres. Mais qu'est ce que je peux bien avoir ? Si c'est ça, la grippe A, je me vaccine direct !

C'est à ce moment que j'ai eu une idée de génie : quitte à habiter la cambrousse, autant s'en servir, jusqu'au bout. J'ai donc enfilé mon treillis favori et je me suis dirigé vers la forêt, pour un parcours du combattant en milieu hostile. Un déclic m'est alors apparu : un homme seul contre tous, dans la jungle... Mais oui, je souffre du syndrome de Rambo !

Mon docteur m'a prescrit un remède miracle : le prochain film du grand Stallone, The Expendables, qui s'annonce comme un film de premier ordre pour tout adepte de nanar sans nom. Au casting, tous les plus grands des plus mauvais films d'actions, j'ai nommé Stallone (forcément), le Transporteur Jason Statham, la Momie Jet Li, l'Universal Soldier Dolph Lundgren, Danny "Machete" Trejo et (déjà beaucoup moins nanar) Mickey "The Ram" Rourke. Ajoutez à cela un soupçon d'acteur à la carrière éternellement ratée (Eric Roberts, le frère de qui vous savez), et des caméos monstrueux (Bruce "McClane" Willis et le Gouvernator Schwarzennegger himself). Et vous comprenez mon soudain intérêt pour les 205 aux jantes Momo.

Pour ce qui est du pitch, Sly n'a pas été le pêcher bien loin, comme à son habitude : un groupe de mercenaires mené par Barney Ross (toujours Sly), est envoyé en Amérique du Sud pour faire tomber un dictateur. Point. Devant la complexité du projet, penchons nous sur sa BA.

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Aucune inquiétude à se faire : je suis guéri, ce film va pulser à fond les ballons, exploser tout sur son passage, ravager la jungle sud-américaine, casser du dictateur, course-poursuiter (verbe entré à l'Académie Française avec le grand Luc Besson) à tout va ! Sortie le 20 août 2010 aux States ! Adriennnnnnne !

mardi 20 octobre 2009

"We were on a Fairytale", ou le quart d'heure Mickael Jackson de Kanye West


Il existe de l'autre côté de l'Atlantique un trio ravageur, né avec la pub, et qui fait des ravages depuis plus de dix ans dans le cinéma américain. Ce trio a trois casquettes, plus ou moins définies : réalisateur, producteur, scénariste. Je ne ferais pas durer le suspens plus longtemps, c'est inutile, vain, et puis je fatigue : je parle de Michel Gondry, Charlie Kaufman et Spike Jonze.

Le premier est français, et gagne à être connu. Avec l'aide de Charlie Kaufman, son scénariste, il réalise des films devenus cultes, notamment Eternal Sunshine of the Spotless Mind, la Science des Rêves ou Soyez Sympas Rembobinez.
Le second, dont le succès critique des scénarios ne se dément pas, s'est récemment essayé à la réalisation avec Synecdoche New-York, film trop barré et brouillon pour que je m'y attarde. Parlons du troisième comparse.

Son premier film suffira à faire sa réputation. Avec Dans la peau de John Malkovitch, Spike Jonze devient un des réalisateurs des plus innovants et visionnaires. Il signe également en 2003 Adaptations, parabole sur le 7e art.

Il est depuis hier dans l'actualité sur Internet avec la diffusion d'un court-métrage centré sur la personne de... Kanye West (fallait bien que j'en parle un jour sur mon blog). Récemment conspué jusqu'aux hautes sphères de la Maison Blanche pour avoir coupé le sifflet en direct à Taylor Swift, l'ami Kanye semble se faire plaisir à casser son image dans ce court, intitulé "We were on a Fairytale"(à la base, ce devait être un clip de See you In my Nightmare, extrait de 808's and Heartbreak). Il y "joue" son propre rôle, un chanteur un peu lourd, ridicule même, visiblement imbibé de produits stupéfiants, et complètement seul, ignoré ou snobbé par son entourage. Une idée plutôt bonne de choisir Spike Jonze, qui intègre un personnage digne de son prochain film (Max et les Maximonstres) dans la scène finale, aux effets spéciaux typiquement "Gondryesques".



Jonze et West n'en sont pas à leur coup d'essai. Le réalisateur, spécialiste des clips, et le rappeur, spécialiste du bon goût en matière de clip, avaient déjà collaboré ensemble sur Flashing Lights, contre-pied des codes habituels du clip de rap classique.

samedi 17 octobre 2009

Portrait-robot d'un homme recherché




Voila. Nous y sommes. Après plusieurs mois de nonchalance hésitante, de matchs dignes du Maccabi Haïfa, de football d'expert-comptable et de polémiques enflammées, l'équipe de France (Edf) a réussi à se qualifier pour les barrages de la Coupe du Monde. Derrière la Serbie. Sans gloire aucune.

Comme une habitude, la responsabilité de cette semi-réussite s'est orientée vers un homme. Raymond Domenech. Et qu'on le kiffe ou pas, façon Catherine Ringer, on doit avouer qu'il s'en accommode bien. Depuis son arrivée à la tête des Bleus, il est rôdé : toujours cinglant, jamais de langue de bois, il flingue les journalistes qui ne comprennent rien et les consultants, ces parfaits "abrutis". Et finalement, ça plait.

Il faut bien l'avouer, on adore la détester, notre caricature nationale. Celle qui sélectionne ses joueurs en fonction de leur potentiel "drague" avec sa femme (tu m'étonnes que Ribéry a la cote), qui communique comme un publicitaire du dimanche. Parce qu'il nous a tous scotchés avec sa demande en mariage foireuse. Raymond Domenech, c'est le chaînon manquant entre Jean-Marc Furlan et José Mourinho : mi-loser, mi-sniper. Mais il veut qu'on l'aime, il fait des efforts : il fait des infidélités au plus grand stade de France pour aller dans "la petite province, celle des petites gens, qui sont gentils et mignons, aiment les Bleus, jusqu'au bout". Saint-Etienne, Guinguamp, ont ainsi vu le coach et ses Bleus. A quand Gueugnon et Limoges ?

La transition est bonne : de Limoges à limogeage, il n'y a qu'un pas. Franchi environ une fois tous les deux mois. Un lobby France 98 est même né contre lui, avec dans le rôle du porte-flingue, Christophe Dugarry, et des opportunistes, Laurent Blanc et Didier Deschamps. Alors, clairement, doit-on virer Domenech ?

Dans le cas où la France gagne ses barrages : pas du tout. La FFF et son visionnaire président Escalettes a voulu s'embarquer sur une galère en longue durée. Ils devront assumer jusqu'au bout la présence du Boucher lyonnais à la tête des Bleus. Prier pour qu'il trouve enfin un système de jeu digne de l'Edf et de son potentiel. Et ne pas faire de déclarations très limites la veille d'un match. Entre autres.

Dans le cas où la France perd ses barrages : c'est Beyrouth. Le 11 septembre. L'apocalypse. L'Edf connaît son premier revers sérieux depuis le célèbre France-Bulgarie. Et David Ginola n'est même pas là pour porter le chapeau. Les talents de Messie de Raymond, genre "Laissez-moi faire mon petit bazar, je sais ce que je fais", ne convaincra plus grand monde. L'heure sera donc plus au lynchage médiatique, mais au remplacement. Qui à la tête des Bleus, nouvelle génération ? Permettez moi de prendre de l'avant et d'y réfléchir sérieusement.

--> Le sélectionneur français doit posséder un sens tactique aigu. Aimer le beau jeu et surtout arriver avec une certaine conception du football. Sélectionner ne se résume pas à choisir les meilleurs. Je propose donc pour l'esprit tactique et réfléchi, Christian Gourcuff.



--> Le sélectionneur français doit avoir une personnalité séduisante et supporter la pression médiatique. Roger Lemerre est gentil, Jacques Santini doit être très intéressant un dimanche gris en Dordogne, mais c'est tout. Il connaît très bien les médias. Je propose donc Didier Deschamps.



--> Le sélectionneur français doit être impertinent. Ouais, il va pas reprendre Patrick Vieira. Ouais, il va laisser sur le banc Karim Benzema. Et alors ? Je sais ce que je fais et j'ai un sens tactique aigu. Si, faut en avoir du sens tactique, pour gagner à Anfield avec Valbuena en buteur. Faut pas me la jouer à moi, je sais que l'Edf, elle est meilleure en 4-4-2. Il n'y qu'à voir Gignac scorer un magnifique goal... Mon nom ? Eric Gerets.



--> Le sélectionneur français doit avoir un bon CV. Mine de rien, nous vivons dans une époque nostalgique. C'était mieux avant, on préfère les Beatles aux BB Brunes, on continue de regarder Le Juste Prix, l'Ecole des Fans et Tournez Manège à la télé. On pleure la mort d'un chanteur de boys band. En sport, les plus grands ont tenté leur retour, plus ou moins foireux (Zidane, Makelele, Schumacher, Jordan, Armstrong). Alors pourquoi Aimé Jacquet ?



--> Le sélectionneur français est une grande gloire. Les grands joueurs ne font pas de grands entraîneurs, Jean-Pierre Papin peut témoigner. Mais moi, si. Ma première expérience est une réussite. J'ai atomisé le groupe ultra-défensif de mon prédécesseur, un certain Ricardo, pour faire de mon équipe la meilleure de France, et a plus dangereuse au but. J'ai tout connu, mais surtout le succès. Je suis champion du Monde. Je suis le Président. Mon nom ? Laurent Blanc.



Mais malheureusement, hormis l'exception Jacques Santini, le sélectionneur français est souvent choisi en interne à la FFF. Voici donc une petite liste exhaustive : Erick Mombaerts, Alain Boghossian, Gérard Houiller. A ceux-là, s'ajoute la liste des "traditionnels prétendants déjà perdnts" : Philippe Troussier, Bruno Metsu, Luis Fernandez, Vahid Halilhodzic. Ajoutons un soupçon d'improbable : de grands entraîneurs étrangers (Guus Hiddink, Jose Mourinho, Marcello Lippi, Carlos Bianchi). Toujours plus improbable : Lilian Thuram. Carrément du fantasme : Raymond Domenech. Ça aurait de la gueule...












vendredi 16 octobre 2009

Silly Thing x Daft Punk x Medicom Toy : Q&A with TK

What you need Natalie - To f*** all night !!!

Les frenchies


J'aime beaucoup Charlotte Gainsbourg. Elle a son style propre, bouleverse les codes, et choisit d'aller à contre-courant, aussi bien au ciné qu'en musique. Après le sulfureux et éprouvant Antichrist de Lars Van Trier, pour lequel elle obtint le prix d'interprétation féminine de Cannes, elle nous revient avec son nouvel album. IRM, c'est son nom, a été écrit en collaboration avec Beck. 3 ans après 5'55, elle propose un son innovant et plus conceptuel que jamais, sa voix est à peine reconnaissable. Et, comme Internet n'est pas qu'un réservoir de pirates sanguinaires, pilleurs de culture, le premier teaser est téléchargeable gratuitement sur son site internet.

Cela me fait penser à une remarque entendue il y a peu : de plus en plus d'artistes français optent pour l'anglais. Il faut dire que cela aide à s'exporter. Est-ce bien ou pas, la question n'est pas là (et la réponse, encore moins), mais toujours est-il que les frenchies peuvent être inspirés.

Air - Sing sang sung



Phoenix - Rome



Bonus track : Rome (Lanny Merge remix)



Pony Run Run - Hey you



Plastiscines - Barcelona



Cocoon - Chupee



The Do - On my shoulders



Yael Naïm - Toxic



Pour finir, les indétrônables Daft Punk - Harder,Better,Faster,Stronger/Around the World



Daft Punk - Tron Legacy Theme





PS : Oui, il y a aussi Sliimy et David Guetta dans la catégorie "français anglophone", il n'y a pas que de brillantes trouvailles, faut pas se leurrer non plus !

Il n'y a pas que Saw dans la vie


Il y a Crazies aussi ! The Crazies, de Breck Eisner, n'est autre que le remake de La Nuit des Fous vivants (1973) de George Romero, que l'on ne présente plus. La bande-annonce est plutôt efficace, et audacieuse. Mettre du Gary Jules sur la BA d'un film d'horreur, c'est osé et réussi. Sinon, il faudra compter sur la présence au casting de l'excellent Timothy Olyphant (Die Hard 4.0, Girl next Door) et de Radha Mitchell (Silent Hill). Seul ombre au tableau, si le nom de Breck Eisner n'évoque pas grand chose, c'est parce que son seul film n'est autre que Sahara (un nanar ignoble avec Matthew McConaughey et Lambert Wilson). Sortie en 2010, Wait and see...



Dans le même genre (horreur, donc), voici un film à petit budget, qui pourrait être intéressant s'il n'arrivait pas après Blair Witch et Rec : Paranormal Activity. L'histoire d'un couple vivant dans une maison hantée (c'est pas de chance) et qui décident de filmer les phénomènes qui l'entourent (perso, je choisirais plutôt de déménager, mais bon...). Rarement une bande-annonce n'aura été aussi pompée, même les spectateurs effrayés de Rec sont de retour.



Enfin, pour les bourrins amateurs de film d'horreur, il y aura toujours Saw 6. Depuis le temps que je fais la vanne...

mardi 6 octobre 2009

La hype écolo



Il n'aura échappé à personne que 2009 fut l'année de l'écologie. Certes, elle a fait parler d'elle bien avant, mais entre le succès de Dany le Vert aux européennes et le film fleuve de Yann Arthus-Bertrand, personne n'y aura échappé. Plus que jamais, nous devons faire le geste qui sauve. Et ce n'est pas moi qui le dit, Evelyne Dhéliat le martèle dans son bulletin météo.

Mais voilà, personnellement, quand on me dit ce quoi je dois faire, j'adopte une méthode quasi-systématique : je fais l'inverse. Ainsi, je laisse la veilleuse de ma télévision allumée, je laisse couler l'eau quand je me brosse les dents, je roule dans une voiture essence et ne conduit pas "à allure souple, pour préserver l'environnement". Je ne trie pas mes déchets, et je méprise José Bové. C'est dit, je ne suis pas écolo. Voir Yann Arthus-Bertrand plaider au con moyen qu'il doit faire attention à sa planète, me fait hurler de rire. Hey, Yann, tu es trois fois plus dangereux pour la planète avec tes hélicos et tes potes les industriels ! Sois sérieux trois secondes...

L'écolo-mania n'est pas enterrée. Pas encore. L'ancien secrétaire des Nations-Unies, Kofi Annan (un type très respectable par ailleurs) a ainsi lancé une opération de mobilisation massive, à quelques semaines de l'ouverture des négociations de l'ONU à Copenhague. Baptisée "Tck, Tck, Tck, Time for climate justice" (aucun rapport quelconque avec la Tecktonik a priori), elle regroupe une soixantaine d'artistes (dans le lot, Fergie, Duran Duran, Lily Allen, Mélanie Laurent, Marion Cotillard, Guillaume Canet, Milla Jovovich, Bob Geldof, Youssou N'Dour, Yannick Noah...) qui reprennent tous en coeur le tube 80's de Midnight Oil, Beds are Burning. C'est beau, c'est moderne, c'est plus supportable que les Enfoirés, et c'est pédagogique : on apprend ainsi que le chanteur de Duran Duran n'est pas mort, et que Vincent Perez sait chanter.



Prévention et mobilisation sont toujours de rigueur, avec la sortie demain du film de Nicolas Hulot, Le Syndrome du Titanic. Alors, le titre est mignon, la parabole entre le Titanic et la Terre est grosse comme Magalie Vaé, mais qu'y a-t-il derrière ? Des belles images, assurément, façon Arthus-Bertrand, une voix catastrophée devant la perte de trois ours polaires, et (surtout) des gros sponsors qui se la jouent écolo mais qui en fait, n'en ont rien à foutre. Pour le coup, c'est Orange (la société qui jette ses employés par les fenêtres, oui), EDF, et la SNCF. Mais je ne permettrais pas de critiquer l'initiative de Monsieur Hulot. D'une part, parce que les critiques seraient les mêmes que pour Arthus-Bertrand. Et surtout, parce que Stéphane Guillon l'a fait avant moi avec plus de talent.

lundi 5 octobre 2009

Les relations franco-américaines, selon Newsweek



Au G20 de Pittsburgh, les 24 et 25 septembre dernier, Nicolas Sarkozy, Barack Obama et Gordon Brown ont, semble-t-il, fait bloc sur l’Iran. Les trois hommes se sont montrés cohérents dans leurs déclarations respectives en critiquant la construction par la République islamique d’une usine nucléaire secrète. Mais, lors de cette démonstration de solidarité, leur attitude disait tout autre chose. Le Britannique et l’Américain se tenaient bel et bien côte à côte, mais le président français était un peu à l’écart, comme s’il servait de témoin de mariage à un couple d’inconnus. Peut-être se disait-il en son for intérieur que cet instant aurait dû être SON moment de gloire – ou le sien et celui d’Obama, à tout le moins. Après tout, c’est lui qui avait voulu, l’an dernier, la création du G20 auquel les trois hommes assistaient. Et c’était le gouvernement de Sarkozy qui avait pris l’initiative d’affronter l’Iran.

Sarkozy aime diriger : l’an dernier, il ne voulait pas abandonner la présidence de l’Europe à la fin de son mandat de six mois. Il veut agir : il l’a montré dans des endroits aussi reculés que le golfe d’Aden, où les Français ont été les premiers à refuser d’être rançonnés par les pirates somaliens et à répliquer par les armes. Sarkozy aime être partout en même temps – ce n’est pas pour rien que les journaux français l’appellent l’hyperprésident. Il semble même parfois qu’Obama veuille s’inspirer de son style.

Mais il n’en est rien. En réalité, les relations entre les deux chefs d’Etat sont loin d’être idéales ou toujours efficaces. On se demande même parfois si Obama prête la moindre attention à son homologue hyperactif. Hors de France, peu de gens imaginent que le dirigeant de la cinquième économie du monde puisse indiquer la voie à suivre sur les grandes questions mondiales. Mais Sarkozy, parfois surnommé en France l’Américain, a souvent cherché à le faire. Au sein de l’OTAN, c’est à Nicolas Sarkozy qu’on doit d’avoir dynamisé les relations entre Paris et Washington – un mieux qui contribue à l’élaboration de l’agenda mondial. Comme l’ont démontré leurs discours à l’ONU et au G20, Sarkozy et Obama sont tous deux de fervents internationalistes qui partagent une vision similaire d’un nouvel ordre économique plus juste et plus réglementé. Toutefois – et cela fait partie du problème –, tous deux veulent être au premier rang de toutes les initiatives : Obama parce qu’il est président des Etats-Unis, et Sarkozy parce qu’il est ambitieux et que les Français ont des ambitions pour leur président. Sarkozy est obsédé par l’idée de faire partie du duo de tête et veut que cela se sache. Mais les personnalités très opposées des deux présidents peuvent friser l’incompatibilité : Barack Obama, souriant mais distant, traite Nicolas Sarkozy comme l’un de ses homologues européens “pas-si-égaux-que-ça”, tandis que Sarkozy affiche une certaine décontraction et parle du président américain comme de son “pote” sans que ce dernier lui manifeste en retour cette même familiarité.

Sarkozy a souvent eu une longueur d’avance

Sarkozy serait donc affecté d’un “complexe d’Obama”, qui alimente cons­tamment la curiosité des médias français et pourrait devenir un véritable problème si l’administration Obama ne fait aucun effort pour le comprendre. Ce n’est pas seulement une question de programmes et de personnalités. Dans les banlieues instables de l’Hexagone, les jeunes d’origine africaine ou arabe sont nombreux à avoir troqué leur tee-shirt Che Guevara pour celui d’Obama. Selon un récent sondage de Transatlantic Trends, Obama jouit d’une énorme cote de popularité (88 %) auprès des Français, alors que celle de Sarkozy se situe sous les 50 %. Lors d’une rencontre avec des journalistes français, le nouvel ambassadeur américain en France a été prévenu : si Sarkozy vient à penser que le président américain le court-circuite pour s’adresser directement au peuple français, la susceptibilité amicale de Sarkozy pourrait vite se transformer en franche hostilité.

Le problème n’est pas idéologique : sur plusieurs questions mondiales, Sarkozy et Obama sont des réalistes qui tendent vers les mêmes solutions pragmatiques. Leurs avis diffèrent peut-être sur certaines questions, comme le plafonnement des bonus des traders, mais ils s’entendent sur l’essentiel, à savoir la nécessité d’améliorer le système mondial de régulation financière.

Les deux hommes ont fait campagne sur le thème de la rupture. Une fois élus, l’un et l’autre ont semblé vouloir tout faire en même temps. Sarkozy a voulu une révision complète des politiques environnementales. Obama aussi. Pour aider son industrie automobile, Nicolas Sarkozy a mis sur pied un système de bonus écologique et de prime à la casse qui a été couronné de succès. Obama aussi. Sarkozy a placé le Moyen-Orient au cœur de sa politique étrangère, renouant avec la Syrie et se concentrant sur la menace nucléaire iranienne. Obama aussi. La différence, c’est que le président français a fait tout cela avant même l’investiture d’Obama.

Sarkozy le m’as-tu-vu gouverne de façon tellement volontaire que cela passe parfois pour de la désinvolture. En janvier 2008, huit mois après son entrée en fonction, alors que des journalistes le critiquaient pour avoir initié trop de projets et obtenu trop peu de résultats, il répondait : “Les Français doivent le savoir. J’ai la passion d’agir, je veux agir.” Barack Obama n’a quant à lui jamais parlé d’action mais de pragmatisme. Ces différences dans le style risquent à l’avenir d’affecter des sujets cruciaux, comme l’Afghanistan. C’est grâce à Sarkozy que, cette année, la France a rejoint la structure de commandement intégrée de l’OTAN. En Afghanistan, Paris a porté à 3 000 hommes son engagement militaire. Mais la manière qu’a Sarkozy de cons­tamment le rappeler laisse penser qu’on ne lui a pas manifesté assez de reconnaissance. Maintenant qu’Obama veut plus encore de ses alliés, un Sarkozy amer et mal-aimé risque d’être tenté de ne pas coopérer.

Ces différences pourraient être surmontées si les deux chefs d’Etat partageaient cette confiance totale que les Français appellent complicité. Mais ce n’est pas le cas. Le président américain est certes un politicien endurci, formé à l’école de Chicago, mais ce n’est rien comparé à Sarkozy. Ce dernier a rallié ou écrasé toute opposition. L’incapacité d’Obama à faire de même et à se défaire de ses opposants semble contrarier Sarkozy. C’est d’autant plus dommage, donc, qu’ensemble les deux hommes pourraient faire des miracles. Sarkozy est non seulement capable de mobiliser la France, mais également l’Europe. “Sarkozy est un activiste avec qui nous pouvons travailler”, expliquait récemment un fonctionnaire américain qui travaille en étroite collaboration avec la France sur l’OTAN. Sous entendu : lorsqu’on doit travailler avec Sarkozy, il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi.

Christopher Dickley

Whip it, by Drew Barrymore

jeudi 1 octobre 2009

Kill Videogame ? Try again


"GTA est un jeu amoral, violent et potentiellement addictif"
Nadine Morano

C'est de notoriété publique : le jeu vidéo fait peur. Souvent taxé de dangereux, aussi bien psychologiquement que physiquement, il conduirait les jeunes enfants vers des comportements de rare violence, pour faire "comme dans le jeu". Alors si par malheur, un fait divers en est inspiré (c'est déjà arrivé), c'est l'ensemble du secteur des jeux vidéos qui est cloué au pilori. Qu'importe si jouer à la Wii Sport plutôt qu'à GTA 4 n'est pas vraiment la même chose. Personnellement, j'ai grandi avec la Super NES, et je ne me suis encore jamais pris pour un plombier moustachu. Alors, certes, l'addiction est possible (notamment aux MMORPG, jeux de rôles massivement multi-joueurs), mais la psychose médiatique autour de ces jeux est davantage issue de l'incompréhension que de la dangerosité véritable de ce média.

Mais les médias traditionnels ne sont pas irrécupérables pour autant, puisque France 2 diffusait ce soir un documentaire sur le sujet, "Génération Gamer, qui a peur des jeux vidéos ?". Ce documentaire retrace les peurs, mais aussi les idées reçues autour du phénomène, en partant d'un fait divers, le suicide d'un jeune joueur présenté comme dépendant.

Très complet, le documentaire montre le phénomène de cette sous-culture : perte de notion du temps, de la vie réelle (IRL, pour les geeks) d'un amateur de World of Worcraft, incompréhension d'une mère de famille devant sa progéniture, en train de tuer à tout va sur Counter-Strike. Comme tout reportage sur les jeux vidéos, malheureusement, les psychiatres répondent présents. Mais, pour une fois, ils ne participent pas aux discours anxiogènes habituels. La première, psychothérapeute spécialiste des addictions, est aussi à ses heures perdues... amateur de jeux en ligne sur Internet. Le deuxième psychiatre casse les arguments contre les jeux vidéos, habituellement ressortis. Le terme "addiction" est surexploité, si les ados passent des heures par jour devant un écran, ce nombre d'heure se réduit avec l'âge. Par ailleurs, si le débat public est aussi virulent avec ce nouveau média, c'est justement parce que les anciennes générations ne le connaissent pas, et donc ne le comprennent pas, par définition. Un père qui passe une heure sur le jeu vidéo de son fils avoue ainsi mieux comprendre l'intérêt et la passion de ce dernier pour les jeux vidéos. On peut y voir aussi deux joueurs de jeux vidéos qui ne "sont pas vraiment le prototype" : passionnés de sport, ils passent des heures devant les jeux vidéos mais ne sont pas des larves sur un fauteuil.

Au final, on retient surtout de ce documentaire qu'à l'instar du cinéma, le jeu vidéo est un art et un divertissement. Une culture. On retient aussi que seuls 1 à 3 % des "gamers" seraient dépendants...



PS : pour l'anecdote, la ministre précédemment évoquée, qui milite pour la "vigilance parentale" face à GTA 4, ce fameux jeu dangereux où l'on incarne un personnage drogué, fréquentant dealers, barons mafieux et prostituées, a récemment posé dans Paris Match avec sa famille, et donc ses enfants, en jouant à la console à ... GTA. Qui a dit deux poids deux mesures ?