jeudi 1 octobre 2009

Kill Videogame ? Try again


"GTA est un jeu amoral, violent et potentiellement addictif"
Nadine Morano

C'est de notoriété publique : le jeu vidéo fait peur. Souvent taxé de dangereux, aussi bien psychologiquement que physiquement, il conduirait les jeunes enfants vers des comportements de rare violence, pour faire "comme dans le jeu". Alors si par malheur, un fait divers en est inspiré (c'est déjà arrivé), c'est l'ensemble du secteur des jeux vidéos qui est cloué au pilori. Qu'importe si jouer à la Wii Sport plutôt qu'à GTA 4 n'est pas vraiment la même chose. Personnellement, j'ai grandi avec la Super NES, et je ne me suis encore jamais pris pour un plombier moustachu. Alors, certes, l'addiction est possible (notamment aux MMORPG, jeux de rôles massivement multi-joueurs), mais la psychose médiatique autour de ces jeux est davantage issue de l'incompréhension que de la dangerosité véritable de ce média.

Mais les médias traditionnels ne sont pas irrécupérables pour autant, puisque France 2 diffusait ce soir un documentaire sur le sujet, "Génération Gamer, qui a peur des jeux vidéos ?". Ce documentaire retrace les peurs, mais aussi les idées reçues autour du phénomène, en partant d'un fait divers, le suicide d'un jeune joueur présenté comme dépendant.

Très complet, le documentaire montre le phénomène de cette sous-culture : perte de notion du temps, de la vie réelle (IRL, pour les geeks) d'un amateur de World of Worcraft, incompréhension d'une mère de famille devant sa progéniture, en train de tuer à tout va sur Counter-Strike. Comme tout reportage sur les jeux vidéos, malheureusement, les psychiatres répondent présents. Mais, pour une fois, ils ne participent pas aux discours anxiogènes habituels. La première, psychothérapeute spécialiste des addictions, est aussi à ses heures perdues... amateur de jeux en ligne sur Internet. Le deuxième psychiatre casse les arguments contre les jeux vidéos, habituellement ressortis. Le terme "addiction" est surexploité, si les ados passent des heures par jour devant un écran, ce nombre d'heure se réduit avec l'âge. Par ailleurs, si le débat public est aussi virulent avec ce nouveau média, c'est justement parce que les anciennes générations ne le connaissent pas, et donc ne le comprennent pas, par définition. Un père qui passe une heure sur le jeu vidéo de son fils avoue ainsi mieux comprendre l'intérêt et la passion de ce dernier pour les jeux vidéos. On peut y voir aussi deux joueurs de jeux vidéos qui ne "sont pas vraiment le prototype" : passionnés de sport, ils passent des heures devant les jeux vidéos mais ne sont pas des larves sur un fauteuil.

Au final, on retient surtout de ce documentaire qu'à l'instar du cinéma, le jeu vidéo est un art et un divertissement. Une culture. On retient aussi que seuls 1 à 3 % des "gamers" seraient dépendants...



PS : pour l'anecdote, la ministre précédemment évoquée, qui milite pour la "vigilance parentale" face à GTA 4, ce fameux jeu dangereux où l'on incarne un personnage drogué, fréquentant dealers, barons mafieux et prostituées, a récemment posé dans Paris Match avec sa famille, et donc ses enfants, en jouant à la console à ... GTA. Qui a dit deux poids deux mesures ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire