samedi 17 octobre 2009

Portrait-robot d'un homme recherché




Voila. Nous y sommes. Après plusieurs mois de nonchalance hésitante, de matchs dignes du Maccabi Haïfa, de football d'expert-comptable et de polémiques enflammées, l'équipe de France (Edf) a réussi à se qualifier pour les barrages de la Coupe du Monde. Derrière la Serbie. Sans gloire aucune.

Comme une habitude, la responsabilité de cette semi-réussite s'est orientée vers un homme. Raymond Domenech. Et qu'on le kiffe ou pas, façon Catherine Ringer, on doit avouer qu'il s'en accommode bien. Depuis son arrivée à la tête des Bleus, il est rôdé : toujours cinglant, jamais de langue de bois, il flingue les journalistes qui ne comprennent rien et les consultants, ces parfaits "abrutis". Et finalement, ça plait.

Il faut bien l'avouer, on adore la détester, notre caricature nationale. Celle qui sélectionne ses joueurs en fonction de leur potentiel "drague" avec sa femme (tu m'étonnes que Ribéry a la cote), qui communique comme un publicitaire du dimanche. Parce qu'il nous a tous scotchés avec sa demande en mariage foireuse. Raymond Domenech, c'est le chaînon manquant entre Jean-Marc Furlan et José Mourinho : mi-loser, mi-sniper. Mais il veut qu'on l'aime, il fait des efforts : il fait des infidélités au plus grand stade de France pour aller dans "la petite province, celle des petites gens, qui sont gentils et mignons, aiment les Bleus, jusqu'au bout". Saint-Etienne, Guinguamp, ont ainsi vu le coach et ses Bleus. A quand Gueugnon et Limoges ?

La transition est bonne : de Limoges à limogeage, il n'y a qu'un pas. Franchi environ une fois tous les deux mois. Un lobby France 98 est même né contre lui, avec dans le rôle du porte-flingue, Christophe Dugarry, et des opportunistes, Laurent Blanc et Didier Deschamps. Alors, clairement, doit-on virer Domenech ?

Dans le cas où la France gagne ses barrages : pas du tout. La FFF et son visionnaire président Escalettes a voulu s'embarquer sur une galère en longue durée. Ils devront assumer jusqu'au bout la présence du Boucher lyonnais à la tête des Bleus. Prier pour qu'il trouve enfin un système de jeu digne de l'Edf et de son potentiel. Et ne pas faire de déclarations très limites la veille d'un match. Entre autres.

Dans le cas où la France perd ses barrages : c'est Beyrouth. Le 11 septembre. L'apocalypse. L'Edf connaît son premier revers sérieux depuis le célèbre France-Bulgarie. Et David Ginola n'est même pas là pour porter le chapeau. Les talents de Messie de Raymond, genre "Laissez-moi faire mon petit bazar, je sais ce que je fais", ne convaincra plus grand monde. L'heure sera donc plus au lynchage médiatique, mais au remplacement. Qui à la tête des Bleus, nouvelle génération ? Permettez moi de prendre de l'avant et d'y réfléchir sérieusement.

--> Le sélectionneur français doit posséder un sens tactique aigu. Aimer le beau jeu et surtout arriver avec une certaine conception du football. Sélectionner ne se résume pas à choisir les meilleurs. Je propose donc pour l'esprit tactique et réfléchi, Christian Gourcuff.



--> Le sélectionneur français doit avoir une personnalité séduisante et supporter la pression médiatique. Roger Lemerre est gentil, Jacques Santini doit être très intéressant un dimanche gris en Dordogne, mais c'est tout. Il connaît très bien les médias. Je propose donc Didier Deschamps.



--> Le sélectionneur français doit être impertinent. Ouais, il va pas reprendre Patrick Vieira. Ouais, il va laisser sur le banc Karim Benzema. Et alors ? Je sais ce que je fais et j'ai un sens tactique aigu. Si, faut en avoir du sens tactique, pour gagner à Anfield avec Valbuena en buteur. Faut pas me la jouer à moi, je sais que l'Edf, elle est meilleure en 4-4-2. Il n'y qu'à voir Gignac scorer un magnifique goal... Mon nom ? Eric Gerets.



--> Le sélectionneur français doit avoir un bon CV. Mine de rien, nous vivons dans une époque nostalgique. C'était mieux avant, on préfère les Beatles aux BB Brunes, on continue de regarder Le Juste Prix, l'Ecole des Fans et Tournez Manège à la télé. On pleure la mort d'un chanteur de boys band. En sport, les plus grands ont tenté leur retour, plus ou moins foireux (Zidane, Makelele, Schumacher, Jordan, Armstrong). Alors pourquoi Aimé Jacquet ?



--> Le sélectionneur français est une grande gloire. Les grands joueurs ne font pas de grands entraîneurs, Jean-Pierre Papin peut témoigner. Mais moi, si. Ma première expérience est une réussite. J'ai atomisé le groupe ultra-défensif de mon prédécesseur, un certain Ricardo, pour faire de mon équipe la meilleure de France, et a plus dangereuse au but. J'ai tout connu, mais surtout le succès. Je suis champion du Monde. Je suis le Président. Mon nom ? Laurent Blanc.



Mais malheureusement, hormis l'exception Jacques Santini, le sélectionneur français est souvent choisi en interne à la FFF. Voici donc une petite liste exhaustive : Erick Mombaerts, Alain Boghossian, Gérard Houiller. A ceux-là, s'ajoute la liste des "traditionnels prétendants déjà perdnts" : Philippe Troussier, Bruno Metsu, Luis Fernandez, Vahid Halilhodzic. Ajoutons un soupçon d'improbable : de grands entraîneurs étrangers (Guus Hiddink, Jose Mourinho, Marcello Lippi, Carlos Bianchi). Toujours plus improbable : Lilian Thuram. Carrément du fantasme : Raymond Domenech. Ça aurait de la gueule...












3 commentaires:

  1. Très très bon papier mon Carlton, plein d'impertinence et de cet esprit que j'adore chez toi !

    PS : JM Furlan t'emmerde !

    RépondreSupprimer
  2. Je suis profondément troublé par ce que je viens de lire.
    La plume toujours est aussi aiguisée mais l'angle d'attaque a vraisembablement changé.

    "Et finalement, ca plait".

    A qui donc ? Nous, les fans de Raymond, restons une incroyable minorité. Ou le publique français serait-il aussi versatile et minable que la presse argentine. "Raymond tu as toujours été dans nos coeur" pour peu qu'il gagne la coupe du monde ?

    Je me dois aussi de souligner le "jamais langue de bois" qui m'a gentiment fait sourrire. Bien évidement, je vois bien là que tu ne parle pas de ces passionants échanges avec David Astorga de fin de match mais bien de cette déclarations sur la fameuse "odeur du sang".


    Et n'essaye pas de remettre la clairvoyance de Raymond en question lorsqu'il s'agit de qualifier Larqué "d'abruti" ,doux euphémisme qui plus est.

    De quelles déclarations limite parles-tu ?
    Référence a Ginola ?

    J'ai aimé l'ambiance au Roudourou.
    J'ai aimé voir un joueur faire 40 attentats de se faire huer, et un brave adversaire se sortir sous les applaudissements.
    Une belle marseillaise aussi (quoique le SDF sait aussi la chanter maitenant).

    Pour ta sélection d'entraineur.
    Pour l'amour du ciel et de la nation, ne mettons un entraineur étranger à la tete de sélection française.
    Pour le reste...

    "Raymond Never Dies"

    RépondreSupprimer
  3. "A qui donc ? Nous, les fans de Raymond, restons une incroyable minorité"

    C'est vrai. Quand je disais que ça plaisait, je ne pensais pas à Raymond en lui-même. Comme je le dis une ligne en dessous (je ne t'en veux pas de lire une ligne sur deux ;), on adore détester Raymond : le "on", c'est l'équipe, jean-michel larqué, moi, christophe Dugarry, 60 millions de français et pierre ménès ^^. Attendre une déclaration fumeuse ou provoc est devenu une institution, et, mine de rien, si un Didier Deschamps vient à le remplacer, ça manquerait. C'est ce que je voulais dire.

    "Raymond tu as toujours été dans nos coeur" pour peu qu'il gagne la coupe du monde ?"

    1- Il faut déjà qu'il la gagne...
    2- quand bien même ce miracle arrive, je hais et haïrais Raymond. Sois rassuré sur ce point.

    "Je me dois aussi de souligner le "jamais langue de bois" qui m'a gentiment fait sourrire"

    Ironie, quand tu nous tiens ... :)

    "Et n'essaye pas de remettre la clairvoyance de Raymond en question lorsqu'il s'agit de qualifier Larqué "d'abruti" ,doux euphémisme qui plus est."

    C'est surtout la tendance à mettre tout le monde dans le même panier que je remets en cause

    Quelles déclarations limites ? en relisant, j'avoue que c'est ambigu : je parlais bien de celles d'Escalette ("Mon inquiétude est très importante en ce moment parce que les quatre matchs à venir sont capitaux pour la qualification. Il va falloir à un moment ou un autre gommer ce mauvais résultat en Autriche (défaite 3-1). On traîne ce revers comme un boulet depuis le début.
    La victoire aux Iles Féroé n’a pas semblé vous rassurer… Je n’étais pas très enthousiaste.")

    Pour David Ginola, toujours une référence au fameux France Bulgarie

    "ne mettons un entraineur étranger à la tete de sélection française."

    Pourquoi donc ? Après tout, je trouve dommage de refuser systématiquement un coach étranger pour une sélection. Au nom du sacro saint patriotisme ambiant, il faudrait préférer Jacques Santini à Carlos Bianchi ? Et, même si l'argument est foireux je le sors quand même : ça n'a pas tué les Anglais de choisir un Italien pour leur sélection.

    Cordialement, pour le dernier des Domenechiens.

    I want Raymond Die.

    RépondreSupprimer