jeudi 24 septembre 2009

"Ton père, ça va ?" - "S'ils lui greffent un coeur d'homme, ça va lui faire bizarre" (Le Fils de l'Epicier)


Je n'aime pas la campagne. Je dirais même que je la hais. 20 ans dans une populace de 1300 comparses adeptes de la querelle de clocher et de la rumeur désespère du charme rural. Et puis, surtout, comment vivre décemment dans une région où il faut faire 40 kilomètres pour trouver un cinéma digne de ce nom ? Où il faut quitter son département pour faire des études supérieures ? Où la moyenne d'âge est de 65 ans ? Où le taux de chômage du même chiffre ? Aucun intérêt me direz-vous. Rien que pour contredire ces ignares bobos tels que Bénabar ou ces beaufs de droite décomplexée tels que JPP, je me fais un plaisir de haïr toute campagne éloignée de villes dignes de ce nom (à savoir, Paris, Marseille, Lille, Bordeaux, Lyon... Plus petit, s'abstenir).


Pourtant, il a fallu que je regarde Le fils de l'épicier. D'abord parce que la critique est plutôt bonne, et que la critique parisienne a le même avis que moi sur les films campagnards. Ensuite parce que l'histoire de l'épicier qui parcoure la campagne avec son camion, elle aussi, je la connais très bien.

Le fils de l'épicier donc, joué par Nicolas Cazalé (ersatz de Wentworth Miller dans Prison Break pour le côté ténébreux peu prolixe), est un citadin, un pur, un vrai. Il enchaîne les petits boulots où il se fait virer (il s'en fout, il en retrouvera bien un), boit un coup avec son pote l'arabe du coin, et sort régulièrement avec sa voisine, sa meilleure et sa seule amie. Pour l'aider financièrement, il accepte de remplacer son père, victime d'un infarctus, pour ses tournées en camion à travers la campagne. Il va y découvrir un autre monde, où le troc n'est pas mort, où la surdité est légion, et où son passage est un évènement à part entière. Il va devoir retrouver la famille qu'il avait fui, son frère aux allures de Christian Jeanpierre, parfait petit gendre idéal, fils parfait, son père rustre et froid.


Mais au final, ce film, qui aurait pu être dans la lignée du "film à la française" (voir sur cette page l'article de Mandelbaum, du Monde), désormais rendu célèbre par des réalisateurs comme Jean Becker ou Christian Carion (plutôt bons par ailleurs), Christophe Barratier, ou Gilles Legrand, ne l'est pas du tout. Au contraire, on suit avec intérêt et amusement la socialisation du pauvre citadin de retour sur ses terres natales. Les dialogues sont parfaitement écrits, et le réalisateur a plutôt bien choisi sa campagne profonde, avec des belles grandes vallées pour faire de beaux plans d'ensemble. Bref, je n'attendais rien de ce film, j'ai été agréablement surpris. C'est plus drôle que du Depardon, moins niais qu'un film d'Isabelle Mergault, et en plus, la meilleure amie du fils de l'épicier, jouée par Clotilde Hesme, est plutôt sympathique à regarder. Conclusion : la campagne peut avoir du bon.

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